Commencé en Août 2023 par 6 premières Communes, les Sénateurs Pierrette Aïcha Hayatou, Didjatou Oumarou, Garga Souaïbou et Oumarou Vaïdang de la Bénoué ont, du 22 au 25 janvier 2024, entamé la deuxième phase de ce compte rendu qui les a conduit respectivement à Touroua, Lagdo, Dembo, Bascheo, Bibemi et Mayo Hourna. Cette tournée avait une double dimension : remercier les conseillers municipaux pour avoir élu la liste RDPC aux sénatoriales que conduisaient le désormais Sénateur Garga Souaïbou et rendre compte des deux sessions parlementaires ordinaires de juin et de novembre.
Ce sera désormais une tradition. Une initiative aussi bien pensée restera à jamais dans les anales, car il fallait du courage et de la volonté pour oser ce que ces sénateurs ont réalisé. Il ne saurait en être autrement au regard de l’engouement dont les conseillers municipaux ont fait montre, et l’enthousiasme manifeste constaté partout où les quatre sénateurs sont allés, sauf à une seule commune ; on y reviendra… Ces rencontres en présentielle ont permis aux sénateurs de toucher du doigt les réalités vécues par les exécutifs communaux pour impulser le développement dans les communes dont ils ont la charge. Il faut, à titre de rappel, redire qu’en plus des missions dévolues à la Chambre Basse du parlement, la Chambre Haute représente aussi les collectivités locales décentralisées (CTD).
Les sénateurs et conseillers municipaux à Mayo Hourna
Vu sous cet angle, cette mission que ces sénateurs se sont donnés tombe sous le sens. De manière synoptique, la plupart de ces communes ont des problèmes communs. Ils tournent autour de la désagrégation ou du mauvais état des voies de communication qui les relient entre elles ou avec la métropole départementale. Il arrive que certaines soient complètement coupées avec l’extérieur pendant la saison pluvieuse. Il faut à cela ajouter l’insuffisance en infrastructures scolaires, le manque de sédentarité des enseignants qu’on y affecte à cause de l’enclavement ; l’insuffisance des infrastructures sanitaires, autant que le personnel pour animer les quelques-unes qui sont déjà opérationnelles ; le manque de poste d’identification et quand il en existe, ils ne sont pas opérationnels. Sans être exhaustif, ces communes souffrent de choses habituelles de celles qui se vivent dans les zones rurales ou suburbaines. Les mêmes communes ont aussi des problèmes spécifiques : par exemple, les communes de Bibemi et Bascheo ont en commun le problème de l’insécurité et du grand banditisme qui y sévissent. Ils se manifestent par l’enlèvement des personnes avec demande de rançon, il arrive qu’ils se terminent par des pertes en vies humaines. Cet état de choses semble lié à la porosité des frontières qu’elles partagent avec certains pays voisins. Le maire de Bibemi a en outre fait état du manque de matériel roulant pour les quatre brigades et postes de gendarmerie qui sont disséminés au sein de la commune, un fait qui les rend inefficace à jouer pleinement leur rôle. Les comités de vigilance mis sur pied ici, manquent du matériel usuel pour leur permettre d’être pleinement actifs. A Touroua par exemple, on aimerait voir le CETIC de l’arrondissement transformé en Lycée Technique et le Centre Médical d’Arrondissement (CMA) érigé en district de santé, eu égard à l’éloignement de cette commune au chef-lieu du département. Dembo et Touroua ont, sans s’être concertés au préalable, posé la difficulté de la fiscalité locale telle que décidée, qui ne permet pas une rentabilisation optimale des recettes car, beaucoup de ceux qui y commercent viennent des pays étrangers et de manière circonstancielle. Le maire de Dembo a souhaité de voir une certaine lisibilité voire de la transparence dans la clé des répartitions des CAC pour un développement harmonieux.
La doyenne, Sen Hayatou Aicha Pierrette
A Mayo Hourna, on a sollicité que les conseillers municipaux soient édifiés sur les rôles de la Chambre Haute du parlement; avec Bibemi, Mayo Hourna a également souhaité avoir des écoles et centres de formation professionnelle pour les jeunes. Ce qui permettrait la résorption du chômage et du désœuvrement de la jeunesse. Plusieurs autres doléances ont été présentées aux sénateurs qui en ont pris bonne note, et promis d’aller frapper aux portes de ceux qui sont à même d’apporter un début de solution à ces sollicitations par un lobbying actif. Les dix neuf projets de loi dont onze pour la session de juin et huit pour celle de novembre ont été présentés aux communes et une compilation des explications de ceux-ci a été remis à chaque maire pour multiplication et consultation. Cette tournée a permis de constater que l’opposition n’est pas seulement académique, elle est visible et manifeste. Des 06 communes visitées, deux sont tenues par des partis d’opposition. Ces deux communes ont réagi de façon différente à la visite des sénateurs. Il s’agit des communes de Bascheo, tenue par l’UNDP et celle de Lagdo tenue par le FSNC.
Sen Didjatou Oumarou
Si la commune de Bascheo a manifesté un comportement républicain vis-à-vis des hôtes qui ne sont pas du même bord politique, celle de Lagdo a eu un comportement différent, parfaitement inqualifiable et totalement incompréhensible. Les conseillers municipaux du FSNC de Lagdo ont refusé de recevoir leurs Sénateurs qui sont les seuls dont ils disposent au parlement et qui sont à mêmes de pouvoir défendre leurs causes qui ne sont pas celles d’un parti politique, mais plutôt sociétales.
Sen Oumarou Vaidang
Un citoyen a besoin de savoir que l’eau coule indépendamment du parti politique dans lequel il adhère ni du parti dans lequel l’exécutif municipal de sa commune adhère. Refuser de recevoir ceux qui peuvent servir de plaidoyers et qui ont manifesté la volonté de le faire tout en sachant qu’ils sont d’un bord politique différent est à la fois contreproductif et irrationnel. Il y a donc opposition et opposition. Si celle de Bascheo est constructive, à Lagdo elle est destructive pour sa population. Confondre des élus à des candidats qui sollicitent des suffrages est faire montre de manque d’intelligence politique et d’opportunité stratégique. Voilà aussi un autre aspect de ce que la tournée parlementaire de ces quatre sénateurs a permis de vivre.
Sen Garba Souaibou
Tout n’aura pas été dit. Mais de façon kaléidoscopique, c’est à peu près cela. Une minute de silence a été observée à chaque étape pour la mémoire du député à la Nation Mamouda Ali Larisky qui avait été inhumé quelques jours avant le début de cette deuxième phase de la tournée.
François Ndi,
Envoyé Spécial à Garoua